Archive for the ‘General’ Category

Toulouse : la Dépêche attaquée par des meufs vénères

dimanche, mai 1st, 2016
sijavaisNues, ivres ou isolées, nous ne sommes pas des proies

Indy Nantes, vendredi 29 avril 2016 | Des meufs venères |

 

Dans la nuit du 28 au 29 avril, les locaux de la Dépèche Intéractive ont été attaqués.

La Dépèche n’est pas une forteresse inattaquable. Tous les grands groupes ont leurs faiblesses, à nous d’être inventives, rusées et suffisemment perspicaces pour les trouver. La Dépèche Intéractive est une branche du groupe La Dépèche. Cela suffit à nous en faire une cible.

Les raisons de nuire aux médias ne se comptent plus. C’est même un discours plutôt répandu chez celles et ceux qui ont compris que l’opinion publique ne sera jamais notre amie. Cette attaque est une réaction à la publication d’un article propageant l’idée que « nous, femmes » créons les conditions de nos agressions, en n’incarnant pas le modèle faconné par les désirs des hommes, qui nous veut silencieuses, soumises, obeissantes, et objet de consommation.

Les marteaux qui cette fois visent des vitres – comme ils pourraient viser des têtes – arment notre rage envers toutes celles et ceux qui renforce la culture du viol. Cette action est une foulée de plus dans le chemin sans fin de notre libération de toutes les oppressions. Nous ne le repeterons visiblement jamais assez, le viol n’est pas l’acte isolé d’un dangereux individu qui guetterait au coin d’une ruelle, mais bien, sinon une arme, souvent la menace et la punition corrective pour toutes les meufs qui ont fait de la rebellion leur vie ou simplement cherchent à sortir de la cage qu’est le patriarcat. Et c’est toujours le reflet d’un monde qui envisage les femmes comme des objets à soumettre.

Les medias nous instrumentalisent pour distiller la peur, en creant un besoin de sécurité auquel il faudrait répondre, dans l’urgence, par toujours plus de contrôle sur nos vies, de cameras, de relevés ADN. Illes ne cherchent pas à nous protéger, ce discours est un leurre pour augmenter leur domination.
Nous ne voulons pas déleguer notre protection, mais essayons de nous organiser pour nous defendre, et attaquer est une façon de le faire.

Sous entendre, comme le fait Jean Cohadon dans son article, que l’alcool et la drogue sont des problèmes récurrents chez les meufs qui ne peuvent être dissociés des viols et autres agressions dont elles font l’objet, c’est tenir leurs jambes écartées pendant que les bourreaux font leurs affaires. Ce journaleux médiocre, passionné de faits divers et d’intervention policières et un des milliers de complices impuni.e.s auxquel.le.s personne ne songe, ou n’ose, s’attaquer. La Dépèche, publiant son article dans leur torchon infâme, en est une autre.

Nous nous organisons, entre meufs, pour qu’un jour nous ne nous en prenions plus seulement à des vitres et à des murs mais bien aux gens et gentes qui se cachent derrière, et qui sont celles et ceux qui font l’objet de notre haine. Nous voulons qu’illes aient peur, qu’illes sachent que leurs agissement ne resteront pas toujours sans réponse. Nous voulons qu’illes pensent à toutes ces meufs vénères qui les guettent au coin d’une ruelle, et qui rêvent d’un jour leur enfoncer un marteau dans le coeur. Illes veulent nous rendre responsble des horreurs qu’ils nous font subir, nous voulons que la peur change de camp.

Cette action est dédiée à toutes les meufs énervées, nous esperons par là chauffer vos coeurs.

Que les actions contre le patriarcat se multiplient !

A vos marteaux… Prêtes ? Partez !

communiqué trouvé ici

Face au viol: lutter contre le sexisme, lutter contre l’Etat

mardi, avril 12th, 2016

Le texte qui suit est extrait du numéro 6 d’un  journal d’agitation, « Paris sous tension », trouvable ici et publié en mars 2016.


« Si tu te faisais violer tu serais bien contente de pouvoir porter plainte, non ? » Voilà le genre de phrase que j’ai pu entendre à plusieurs reprises dans des discussions où j’expliquais à des mecs que je rêve d’un monde sans flics. Même registre quand parfois j’ai exprimé mon dégoût profond de la prison : « Et qu’est-ce que tu ferais des violeurs alors ? »

Il semblerait que quand il s’agit de justifier ce monde sécuritaire certains commencent subitement à s’intéresser aux oppressions sexistes. S’ils s’étaient vraiment penchés sur la question, peut-être auraient-ils remarqué que les flics n’en ont pas grand-chose à foutre des plaintes pour viol. Que les juges se comportent différemment en fonction du statut social de l’agresseur. Que les flics et la justice, apparemment si nécessaires pour nous protéger, sont les mêmes qui enferment celles qui ont rendu les coups face à un mari violent.
Si vraiment les violences faites aux femmes étaient un sujet d’inquiétude pour eux, sûrement auraient-ils remarqué que ce système qui génère des flics et des taules pour «nous protéger des violeurs» est lui-même structurellement sexiste.

Les représentations véhiculées par la pub, les médias, la médecine, l’école, la culture, nous répartissent dans deux identités de genre que nous n’avons pas choisies et auxquelles nous sommes assigné-e-s, dont l’une domine l’autre. Au moment où, nourrissons, on nous a mis un bracelet rose autour du poignet, notre place dans la société a été déterminée comme femmes, séductrices hétérosexuelles et mères attention-nées au service des hommes. Désormais on peut aussi travailler si on veut, pour un salaire presque comparable à celui d’un homme, mais notre rôle principal dans la société reste d’enfanter la relève. Il suffit de s’intéresser aux conditions d’accès à l’avortement ou à la stérilisation pour s’en faire une idée. Ou encore à la stigmatisation de ceux et celles qui ne rentrent pas dans les cases. L’Etat, qui voudrait soi-disant assurer notre sécurité, participe au maintien d’un système hétéro-patriarcal, en gros un monde où les relations entre sexes reposent sur l’hétérosexualité et l’autorité masculine.

En posant la femme comme objet sexuel de l’homme, cette domination générale représente un terreau propice au viol, le rendant même acceptable dans la plupart de ses formes. La majorité des viols et des agressions sexistes est d’ailleurs commise au sein des schémas encouragés par l’Etat : le couple et la famille.

Alors il y a en a vraiment marre en tant que femme d’être instrumentalisée pour justifier des discours et des politiques répressives et sécuritaires. Après avoir été mis en place initialement pour lutter contre les crimes sexuels, le fichage ADN est désormais couramment utilisé dans des procédures judiciaires variées. La RATP fait la pub de ses caméras et agents de sécurité dans une campagne récente contre le harcèlement dans les transports. En Allemagne, des agressions sexuelles commises à Cologne par des migrants sans papiers le soir du nouvel an sont venues alimenter le racisme et justifier les politiques (anti-)migratoires. Là-bas comme ici, le pouvoir ne cherche pas à défendre les femmes des agressions sexistes mais à défendre sa propre souveraineté sur les femmes. Dans notre «civilisation occidentale» comme dans bien d’autres, la femme a toujours été un territoire, un butin de guerre à coloniser par le viol et l’esclavage domestique tout autant qu’à protéger des ennemis.

Alors, non merci, je ne recherche pas la protection de ceux-là même qui font tout pour me maintenir en position de dépendance. Ni celle des machos, ni celle de l’Etat. Et si jamais un jour, forcée par ce monde à choisir entre ma sécurité et mes convictions, je me retrouve à appeler les flics, je sais que je risque de subir en prime leur sexisme et leur répression. Alors je recherche plutôt des moyens de sortir de la dépendance, de reprendre ma vie en main. Je cherche de nouvelles manières de me construire comme individu, de me relationner avec celles et ceux qui m’entourent. Je cherche des allié-e-s, des outils, des connaissances, des savoir-faire pour sortir de l’isolement et être capable de m’auto-défendre, mettre des mots sur ce qui m’oppresse et organiser la riposte. Et quoi qu’il arrive, je ne perdrai pas de vue que combattre le sexisme n’est pas dissociable d’un combat contre toutes les autres dominations portées par l’Etat et le capitalisme. Qu’on ne pourra expérimenter la liberté qu’une fois qu’on se sera débarassé-e-s de toutes les prisons, celles en dur et celles dans nos têtes.

 

[affiche] T’en as marre?

mercredi, mars 2nd, 2016

pascontentE

T’en as marre???  

Que les mecs te matent comme un objet, qu’ils se permettent des commentaires sur ton look, ton corps, qu’ils se moquent de toi ou te harcellent, te traitent comme de la merde parce que t’es une fille?

De devoir  ressembler à une star de cinéma pour être populaire, d’être toujours sûr de toi, de cacher tes émotions, de savoir que si tu te conformes pas au modèle du « vrai mec », du  bon hétéro macho fier d’écraser les autres tu feras partie des « cibles »  (moqueries, coups, menaces…homophobie puante).

De devoir t’habiller à la mode et ressembler  à une publicité, de mater des films débiles, d’apprendre l’amour dans des magazines stupides, de servir de faire valoir aux garçons et de rire à leurs blagues sexistes pour qu’ils te foutent la paix?

De te réveiller tous les matins pour être enferméE toute la journée avec des profs, des « supérieurEs »  qui savent tout mieux que toi; de t’enfoncer dans le crâne des conneries qui t’empêchent de penser, et tout ça pour devenir un esclave de plus de cette société basée sur l’exploitation et la domination?

De croire que pour réussir ta vie il te faut un bon métier, te marier, avoir des enfants et des tas de gadgets, même si tu dois te taper le patron, te prendre des coups, faire abstraction de tes envies?

T’es FURAX qu’on utilise la menace du viol pour t’obliger à « marcher droit » et à rester à ta « place de fille » sans jamais te dire que le type qui viole est rarement un inconnu (et que c’est aussi ça qui complique le fait de se défendre). Sans jamais te dire que la personne responsable n’est JAMAIS la personne qui a subi le viol, sans t’apprendre à te défendre ni t’encourager (t’aider) à trouver tes moyens d’y survivre et d’y répondre?

Tu n’es pas le seul, la seule ! 

Refusons de reproduire et détruisons les distinctions et les hiérarchies imposées entre hommes, femmes, intersexes ou trans  (…), hétéros et homos: nous ne sommes pas réductibles à nos spécificités physiques, à nos (non) sexualités.  De 1001 manières, attaquons-nous à ce(ux) qui voudrai(en)t nous éduquer, nous (ré)insérer, amputer nos individualités foisonnantes pour les faire rentrer dans les cases de cette société triste à pleurer, pour les soumettre aux lois de la morale, de l’État et du capital.


Leur monde est une prison…  Rasons-la !

tenamarre

« Y a personne qui t’appartient! » (et paf, le patriarche)

mardi, février 2nd, 2016

classeUn matin, quelque part dans Marseille… Un type, la soixantaine, traîne derrière lui trois enfants dont une petite fille en pleurs. Elle se justifie, hoquette. Il l’accuse, l’humilie, la menace. Lui dit qu’ « elle n’est pas sage », qu’il va la renvoyer chez elle, lui mettre une fessée. Il se répète, assis sur son piédestal, sa légitimité puante de patriarche. Celui qui, il n’y a pas si longtemps encore, avait le droit de vie ou de mort sur sa descendance. Autour personne ne bouge. Il n’y a pas grand monde pour réagir face à la violence « ordinaire »  dont sont tissés les rapports sociaux  (racisme, sexisme/homophobie, violence d’État…). Toute celle (viols/incestes/coups, etc etc etc) qui s’exerce au sein de la sphère familiale (homme/femme, parents/enfants) est franchement taboue. Il paraît que les « histoires de couple » ne concernent personne d’autre. Il paraît que c’est aux parents SEULES de décider de l’éducation de leurs enfants (comprendre : leur propriété) et que les seules personnes extérieures habilitées à intervenir seraient les uniformes.

Mais c’est quoi ces conneries ? C’est de la violence, de l’humiliation en barre, ce qu’il est en train de lui faire vivre.Au yeux de tousTEs ces passantEs , elle doit être trop insignifiante pour être considérée. Cinq ans et demie : presque rien dans ce monde pensé par et pour les adultes : une individualité de plus à soumettre, pour en faire un petit clone docile. Et quoi de mieux, avant de la formater, que de l’empêcher de prendre confiance dans son intelligence et son autonomie? Ce patriarche est tombé sur un os. Au milieu de l’indifférence générale deux passantEs sont venues  entraver le cours tranquille de sa domination. Certaines personnes refusent de déléguer ce qui les concerne aux uniformes et cette fois-ci la solidarité ne s’est pas faite entre adultes. Il y a fort à parier qu’il se sente un peu moins à l’aise à l’avenir, celui-là. « Patriarche de merde ! »

À celles et ceux qui en doutent, MÊME à cinq ans et demie ça avait l’air bon d’être prise en compte, d’entendre quelqu’un dire que rien ne justifiait « ça », que personne ne devait lui donner d’ordres, ni lui parler mal. Ni prof, ni (grand) parents. Et surtout que le statut d’enfant s’arrête, un jour, qu’il y a un temps d’après et qu’elle dessinera, elle. À moins qu’elle ne décide, sans attendre jusque-là, de se rebeller contre ceux qui voudraient la dresser… ?

Éduquer c’est toujours formater : sabotons/ désertons la machine à transformer des mômes en  garçons   ou en filles, à (re)produire des citoyenNEs, consommatrices et travailleurs.


texte extrait du premier numéro du  journal anarchiste « du pain sur la planche », diffusé sur Marseille, janvier/février 2016 et trouvable là https://dupainsurlaplanche.noblogs.org/